le ministère de la Santé du Hamas annonce un nouveau bilan de 40 988 morts
Publié le : 09/09/2024 - 16:17
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas annonce ce lundi 9 septembre un nouveau bilan de 40.988 morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre avec Israël, le 7 octobre 2023. Au moins 16 personnes ont été tuées durant ces dernières 24 heures, indique le mouvement islamiste dans un communiqué, ajoutant que 94.825 personnes avaient été blessées dans l'enclave sur la même période.
ce que l’on sait de la frappe contre une école qui a fait 18 morts à Gaza
La Défense civile de Gaza a annoncé que 18 personnes, dont des collaborateurs de l’Organisation des Nations Unies (Onu), ont été tuées mercredi 11 septembre 2024 lors d’une frappe aérienne israélienne sur une école transformée en abri pour déplacés à Gaza. Les forces de défense d’Israël ont affirmé avoir visé des « terroristes » du Hamas.
Ouest-FranceMarie PROVOT.Modifié le 12/09/2024 à 16h24Publié le 12/09/2024 à 16h2
Six humanitaires parmi les victimes
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a confirmé le décès de collaborateurs de l’Unrwa sur le site, évoquant le nombre de six morts, dans un tweet posté sur le réseau X.
« Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable », a fustigé Antonio Guterres, déclarant que « ces violations dramatiques du droit humanitaire international doivent cesser immédiatement ».
L’école abritait 5 000 déplacés
Les services de presse du gouvernement du Hamas ont affirmé que l’école, qui est gérée par l’Unrwa, abritait environ 5 000 personnes déplacées au moment de la frappe.
Selon l’AFP, des blessés et personnes inconscientes ont été transportés depuis le site de la frappe à l’hôpital de Deir al-Balah. Au moins un enfant et des femmes comptaient parmi les blessés.
« Il n’y a aucun lieu sûr dans la bande de Gaza », a commenté Oum Ayman, une Palestinienne qui se trouvait alors sur le parvis de l’hôpital. « Les enfants, les personnes âgées, les femmes : qu’ont-ils fait de mal pour finir en morceaux ? ».
Ce que répond Israël
Dans un communiqué, l’armée israélienne a déclaré de son côté que son aviation avait « mené une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient à l’intérieur d’un centre de commandement du Hamas » dans l’école Al-Jouni.
Ces derniers mois, l’armée a frappé plusieurs écoles dans la bande de Gaza, les accusant d’abriter des centres de commandement du Hamas, ce que le mouvement islamiste palestinien nie. Des dizaines de milliers de personnes déplacées ont trouvé refuge dans des établissements scolaires depuis que la guerre à Gaza a commencé, après l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
+ 1 étudiante américano-turque venue aider le peuple palestinien, abattue le 6 Septembre
La dépouille d'Aysenur Ezgi Eygi rapatriée en Turquie,
obsèques prévues samedi
Le cercueil d'Aysenur Ezgi Eygi lors de son arrivée sur le sol turc, photo transmise par l'Agence de presse turcque DHA (Demiroren News Agency) le 13 septembre 2024 à l'aéroport d'Istanbul, via AFP.
Image
Le père d'Aysenur Ezgi Eygi, Mehmet Suat Eygi (centre), entre l'oncle de la militante Yilmaz Eygi (gauche) et sa cousine Bahar Tikkim, le 12 septembre 2024 à Didim, en Turquie
AFP
Ozan KOSE
Le corps de la militante américano-turque Aysenur Ezgi Eygi, tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée, est arrivé vendredi matin en Turquie où des funérailles seront célébrées samedi, dans le berceau familial de Didim (sud-ouest).
La dépouille de la jeune femme a été accueillie sur l'aéroport d'Istanbul par le gouverneur d'Istanbul qui a présidé une brève cérémonie avec des représentants du parti islamo-conservateur au pouvoir AKP, selon le compte X du gouvernorat.
Elle devait être acheminée vers Izmir (ouest), la troisième ville du pays.
Le père de Mme Eygi, Mehmet Suat Eygi, 60 ans, venu des Etats-Unis où il réside, a confirmé jeudi soir qu'elle serait inhumée samedi dans la petite station balnéaire de Didim, sur la côte égéenne, à 160 km au sud d'Izmir.
"Aysenur était une personne très spéciale. Elle était sensible aux droits humains, à la nature, à tout", a-t-il souligné.
M. Eygi s'est félicité de la décision des autorités turques d'ouvrir une enquête sur "cet assassinat arbitraire" ainsi que l'a annoncé le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç.
"J’ai appris que notre Etat poursuit cet assassinat arbitraire en ouvrant une enquête. Je m’en réjouis. J’attends la même chose du gouvernement américain, car Aysenur n’avait que 10 mois lorsqu'elle est arrivée aux Etats-Unis" a-t-il fait valoir.
Outre les parents de la jeune femme de 26 ans, son compagnon est également présent à Didim où résident toujours son grand-père et au moins un oncle.
La rue qui abrite la maison de la famille a été préventivement barrée jeudi par la police et une tente dressée pour recevoir les condoléances, a constaté l'AFP. Au cimetière, la tombe a déjà été creusée.
De nombreuses personnes sont attendues, selon l'oncle de la jeune femme, Ali Tikkim, dont des représentants religieux ainsi que de la grande ONG islamique turque IHH, qui appelle par ailleurs à un rassemblement vendredi dans le quartier conservateur de Fatih, à Istanbul, à l'issue de la grande prière.
"Prière funéraire"
Une association étudiante de la province d'Aydin, où est située Didim, appelle également à une "prière funéraire" samedi en début d'après-midi.
La Turquie a dénoncé avec force la mort d'Aysenur Ezgi Eygi, tuée le 6 septembre par des tirs israéliens lors d'une manifestation à Beita, près de Naplouse.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays fera tout "pour que la mort d'Aysenur Ezgi ne reste pas impunie".
Le parquet général d'Ankara a ouvert une enquête sur sa mort.
Un employé municipal accroche un drapeau turc près de la maison du grand-père d'Aysenur Ezgi Eygi, militante américano-turque tuée lors d'une manifestation en Cisjordanie occupée, photo prise le 12 septembre 2024 à Didim, en Turquie
AFP
Ozan KOSE
"Nous continuerons à défendre les droits d'Aysenur. Nous ne pouvions pas rester silencieux alors que notre concitoyenne a été illégalement martyrisée par des assaillants israéliens", a affirmé le ministre de la Justice.
La Turquie envisage d'émettre des mandats d'arrêts internationaux selon les résultats de l'enquête, a-t-il précisé.
Le ministre a également appelé le rapporteur spécial de l'ONu sur les exécutions extrajudiciaires et arbitraires à créer une commission d'enquête indépendante et à rédiger un rapport à ce sujet.
"Nous poursuivrons ensuite notre travail pour transmettre ce rapport (du procureur d'Ankara, ndlr) au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, afin de l'inclure dans la procédure pour génocide contre Israël en cours devant la Cour internationale de justice et dans l'enquête en cours devant la Cour pénale internationale", a-t-il ajouté.
L'armée israélienne a estimé mardi "très probable" que des tirs provenant de ses hommes aient tué "indirectement et involontairement" la jeune femme.
Le président américain Joe Biden qui avait évoqué la veille un "accident" s'est dit mercredi "indigné et profondément attristé" par cette mort et a appelé Israël à "en faire plus" pour qu'un tel drame ne se répète pas.
"Tir accidentel", selon Biden??? Même Wikipédia pointe l'intention du sniper israélien!!!
Aysenur Ezgi Eygi was born in Turkey on July 27, 1998[8] and raised in Seattle, Washington.[2]
She graduated from Seattle Central College in 2022 with an associate's degree in arts.[9] She graduated from the University of Washington in June 2024 with a degree in psychology and "a minor in Middle Eastern Languages and Cultures".[2] Eygi had previously been involved in protests against the Dakota Access Pipeline,[10] and was active in pro-Palestinian activism on the UW campus.[11][12] She was considering attending graduate school to study Near East archaeology.[12]
Eygi arrived in the Israeli-occupied West Bank on 3 September 2024 to engage in activism work with the International Solidarity Movement (ISM).[1] According to her family, she had been compelled to travel to the Israeli-occupied West Bank to stand with Palestinian civilians who have been enduring ongoing repression and violence.[13] Two other American citizens have been killed in the West Bank since the start of the Israel-Hamas war.[3]
The weekly protest held in Beita against settlement expansion has been held for years and often was the site of Israeli crackdown. Since March 2020, seventeen Palestinians have been killed by Israeli forces while attending the protest and in August 2024 an American protestor was shot in the leg by Israeli forces while fleeing live fire and tear gas.[1]
Shooting and death
On 6 September 2024, Eygi attended a protest in Beita, near the Israeli settlement of Evyatar. The protest, which is held weekly, calls for the end of Israeli settlement expansion in the West Bank.[1]
According to Haaretz journalist Jonathan Pollak,[14] who attended the event and is an activist with the Defend Palestine group,[15] Israeli soldiers surrounded the group prior to a communal prayer, which was held by Palestinian and non-Palestinian activists before the protest got underway.[14] Following the prayer, clashes broke out between the soldiers and the protesters. Witnesses reported that IDF forces employed both live fire and tear gas to drive the group back to their villages; in response, the protesters threw stones and subsequently retreated from the area.[1][2][14]
An Australian activist who talked with the Washington Post told that both she and Eygi had meant to avoid rougher protests and, according to Pollak, Eygi was indeed shot during the subsequent calm.[6] Some 20 to 30 minutes[2] after the clashes had ceased, soldiers scaled a house and positioned themselves on a rooftop some 200 yards away.[2] A protestor standing with Eygi stated, "We were standing, visible to the army, just standing around not doing anything. Nothing was happening."[16] One soldier took aim, fired and a shot ricocheted off a stone and struck a local 18-year-old Palestinian man in the thigh.[1][17] After a second shot was fired, Pollak reported being called over to help Eygi, whom he found lying under an olive tree with a bullet wound in the head.[1][2] He added that she lay in a direct line of sight from the position of the soldiers on the rooftop.[13][14] According to Pollak, the soldiers were under no threat.[18] In a later statement, ISM stated that none of its activists had thrown rocks at Israeli soldiers, that the demonstration was peaceful, and that no danger to the soldiers was conceivable as they were 200 metres away from the protestors.[3][19] Footage obtained by the Washington Post indicates that Eygi was shot more than 30 minutes after clashes had ended.[6]
Eygi was brought to Rafidia Hospital in Nablus, where she was confirmed dead.[1][20] The director of the hospital, Dr. Fouad Naffa, as well as another doctor who administered first aid, Ward Basalat, confirmed to the media that Eygi had been shot in the head.[1]
Responses
Eygi's family called for an independent investigation into her death.[21] In a statement released on social media her family claimed that Eygi was peacefully protesting when she was killed, and that her life was "taken needlessly, unlawfully and violently by the Israeli military".[13][3]
Hamas released a statement condemning the killing as "part of a pattern of violence against foreign supporters of the Palestinian cause, including the notable case of Rachel Corrie". The statement called on the international community to hold the Israeli government accountable.[22][23]
NDLR: Extrait de la notice Wikipédia, exceptionnellement correcte et bien documentée. Vaut d'être lue intégralement et éventuellement traduite:
A souligner que si sa famille et ses compatriotes pourront faire à Aysenur Ezgi Eygi des funérailles dignes, ce n'est donc évidemment pas le cas pour un grand nombre de victimes de ce conflit, dont on ne retrouve tout simplement pas les corps:
Vingt-deux « corps évaporés »
dans la frappe israélienne sur al-Mawassi,
selon le bureau de presse de Gaza
OLJ / le 10 septembre 2024 à 20h26
Des Palestiniens inspectant les dégâts causés par la frappe israélienne sur le camp de déplacés d'al-Mawassi, près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 septembre 2024. Bashar Taleb/AFP
Le bureau de presse de la bande de Gaza a apporté de nouveaux éléments concernant le bilan humain de la frappe israélienne sur le camp de déplacés d’al-Mawassi, considéré comme une zone humanitaire, comme le rapporte Al Jazeera.
Selon des estimations publiées plus tôt dans la journée, au moins 40 personnes ont été tuées et 60 autres ont été blessées. Mais l’instance a revu ses chiffres à la hausse : « L'armée d'occupation israélienne a commis à l’aube un horrible massacre […] qui a fait 40 martyrs et plus de 60 dans l'après-midi », a déclaré le bureau de presse dans un communiqué.
Il précise que 19 corps ont été transportés à l'hôpital et ainsi pu être identifiés,
Comme cela a été confirmé par le ministère de la Santé de l’enclave. Or, le bureau de presse ajoute que les corps de 22 Palestiniens identifiés n'ont pas pu être retrouvés parce que les « bombes géantes » utilisées par Israël dans son attaque les ont « évaporés ».
« Ces corps ont fondu sous l'effet des bombardements et des trois explosions provoquées par ces bombes géantes, ce qui signifie que nous n'avons retrouvé aucun des corps de ceux qui se trouvaient dans l'œil de la bombe », indique le communiqué.
Palestinians inspect the damaged school following an Israeli airstrike on a school for displaced persons belonging to the United Nations Relief
and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (UNRWA) in Nuseirat refugee camp on June 06, 2024 in Gaza Strip, Gaza.
[Ashraf Amra – Anadolu Agency]
A Sky News investigation has uncovered evidence that an American-made bomb was used in yesterday’s Israeli strike on a school in Nuseirat refugee camp, a town in the central Gaza Strip. The attack, which occurred overnight, claimed the lives of 40 people, including 14 children. An additional 23 children were reported to have been wounded in the strike, taking the total dead and injured to nearly 200,000.
Experts consulted by Sky News identified a fragment visible in a verified video as part of an American-made GBU-39 Small Diameter Bomb (SDB). Rahul Udoshi, a weapons specialist at the defence intelligence company Janes, and Trevor Ball, a former US Army explosive ordnance disposal technician, both concluded that the fragment was from a GBU-39 bomb.
The GBU-39 is a guided glide bomb designed for precise, targeted attacks and is manufactured in the US. According to the Sipri Arms Transfers Database, 1,000 GBU-39 bombs were sent to Israel in late 2023, with the delivery expedited by Boeing following the 7 October attack.
The Sky News investigation also debunked false claims circulating on social media suggesting that a weapon from India was used in the strike. The object in question, clearly stamped with the word “INDIA,” was identified as a “Screw In Bell Box Hole Plug” and not a component of any military hardware.
US-manufactured munition was also employed in the lethal Israeli air strike on refugees sheltering in tents in Rafah, last week. Images of burned children and families emerging from bombed tents from the Israeli strike sparked shock and outrage. The air strike killed at least 45 people and injured nearly 250.
Sky’s investigation is the latest by a mainstream Western media outlet to expose horrific human rights abuse. In May, CNN uncovered details of gruesome details of abuse, torture, and mistreatment of Palestinians held at Israel’s Sde Teiman detention facility.
Yesterday the New York Times, revealed even more horrific images with reports of Palestinians in detention being subjected to rape. According to the Times, a female officer had ordered two soldiers to lift a Palestinian detainee and press his rectum against a metal stick that was fixed to the ground. The stick penetrated his rectum for roughly five seconds, causing it to bleed and leaving him with “unbearable pain.”
De Rachel Corrie à Aysenur Ezgi Eygi, une chaîne de Résistance et de Solidarité jusqu'au cœur de l'Occident: mais les sionistes éliminent les "étrangers" capables de témoigner de leurs crimes incessants!
Comme on peut le voir dans la vidéo à la suite de l'article de France 24, qui date juste de deux mois, le terrorisme colonialiste sioniste frappe en permanence les populations civiles réfugiées dans les écoles, et la misère de plus en plus extrême des populations ne semble pas avoir d'autres limites que la mort elle-même.
Comme on le voit également dans les différents documents joints, il est même difficile d'établir un bilan approximatif, et il semble de plus en plus évident que le bilan "officiel" du ministère de la "santé" en Palestine minimise le nombre des victimes en ne comptabilisant que les victimes directes et dont on a des traces, alors que précisément vu les conditions sanitaires entre autres, l'espérance de vie des palestiniens est évidemment en chute libre et de plus en plus incontrôlable.
"Plus de 186 000 morts" à Gaza : quelle fiabilité pour l'estimation publiée sur le site The Lancet ?
"Il n'est pas invraisemblable d'estimer que jusqu'à 186 000 morts, voire plus, pourraient être imputables au conflit actuel à Gaza". Selon une "lettre" publiée sur le site du Lancet, le bilan humain dans le territoire palestinien en guerre depuis 10 mois avec Israël, serait beaucoup plus élevé que les plus de 38 300 annoncés par le ministère de la Santé du Hamas. Comment ses auteurs sont-ils parvenus à cette estimation ? Leur chiffre est-il crédible ? Décryptage.
En se basant sur "une estimation de la population de la bande de Gaza en 2022, qui s’élevait à 2 375 259 habitants, cela représenterait 7 à 9 % de la population totale de la bande de Gaza", poursuivent les auteurs de "La lettre", publiée dans la rubrique "Correspondances" du site.
Des chiffres largement supérieurs au bilan communiqué, mercredi 10 juillet, par le ministère de la Santé de Gaza, faisant état de 38 300 morts dans le territoire palestinien depuis le début de l’offensive de l’État hébreu contre le Hamas, en réponse à l’attaque du 7 octobre perpétrée par le mouvement islamiste sur le sol israélien.
Morts directes et morts indirectes
Signée par Rasha Khatib, chercheuse au sein de l’Institut américain Advocate Aurora Health et de l’Institut de santé publique de l’Université de Beir Zeit, en Cisjordanie occupée, Martin McKee, professeur de santé publique européenne à la London School of Hygiene & Tropical Medicine et membre du Comité consultatif international de l'Institut national israélien de recherche sur les politiques de santé, et par Salim Yusuf, professeur distingué en médecine à l’Université McMaster et à l’Hamilton Health Sciences, au Canada, cette publication, qui comprend un bilan estimé de morts directes et indirectes du conflit, n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre.
Et ce, alors même qu’il ne s’agit ni d’un rapport, ni d’une étude scientifique. Sur le site du Lancet, il est précisé que les correspondances ou "lettres" sont des "réflexions" de lecteurs portant "sur le contenu publié dans [ses] revues, ou sur d’autres sujets d’intérêt général" qui ne passent pas "habituellement" par le processus dit d’évaluation par les pairs (peer review, en anglais). Une étape largement admise comme la méthode de validation de référence, par des experts dans leur domaine, des résultats scientifiques des chercheurs.
Concrètement, pour parvenir à l'estimation de 186 000 morts, les auteurs sont partis du principe que "les conflits armés ont des répercussions indirectes sur la santé, au-delà des dommages directs causés par la violence". Ils ont donc appliqué une "estimation prudente" de quatre morts indirectes pour un décès direct, en basant leur calcul sur le nombre de 37 396 morts enregistré, le 19 juin, par le ministère de la Santé du Hamas – le mouvement palestinien est au pouvoir à Gaza depuis son coup de force en juin 2007. Un nombre qu’ils estiment "probablement sous-estimé" en raison des difficultés rencontrées sur le terrain pour effectuer des bilans quotidiens.
Pour arrêter leur estimation à "quatre morts indirectes pour un décès direct" les auteurs se sont appuyés sur un rapport publié en 2008 par le Secrétariat de la Déclaration de Genève sur les conflits armés. Le document évoque des "études montr[a]nt qu’il y a entre trois et quinze fois plus de personnes qui meurent indirectement pour chaque personne qui meurt de manière violente". Mais les signataires de la "lettre" n’ont pas précisé la raison pour laquelle ils ont retenu le chiffre quatre pour leur "estimation prudente". S’inscrivant en droite ligne des polémiques relatives aux bilans humains en provenance de Gaza, la publication n’a pas manqué de provoquer un flot de réactions en ligne.
D’un côté, elle est vertement critiquée par ceux qui voient une publication biaisée, une méthode de calcul contestable et des estimations hypothétiques. Pour le journal israélien The Jerusalem Post, The Lancet a accordé à cette publication une forme de "fiabilité" qui a poussé des internautes "anti-Israël" à "massivement propager la nouvelle calomnie sur les réseaux sociaux".
If one includes both direct & indirect deaths from Israel's assault, the death toll in Gaza goes up to 186,000 people, according to the medical journal @TheLancet. That's 1 in every 12 Gaza inhabitants killed in the last 9 months of genocide. https://t.co/pOvhnyKMPW
— Francesca Albanese, UN Special Rapporteur oPt (@FranceskAlbs) July 8, 2024
De l'autre, la correspondance, qui a été reprise par plusieurs médias internationaux, est saluée et relayée pour exprimer des messages de soutien à la population gazaouie et des appels à la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza.
Ainsi, la rapporteure spéciale des Nations unies dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, l’a diffusée sur son compte X pour illustrer les conséquences de ce qu’elle désigne comme "9 mois de génocide" à Gaza.
Une estimation "cohérente", selon Médecins du monde
L'estimation avancée par cette "lettre" est-elle crédible ? Oui, selon certaines ONG actives dans le territoire palestinien.
"Ce bilan de 186 000 morts évoqué dans The Lancet est cohérent avec la situation sanitaire, militaire, géopolitique du fait du blocus maritime, aérien et terrestre infligé à la bande de Gaza, estime Jean-François Corty, médecin humanitaire et président de l’ONG Médecins du monde. Cette estimation témoigne vraiment du drame absolu vécu sur place par la population".
"Déjà depuis novembre / décembre, je dis que les chiffres qui sont mis en avant sont sous-calibrés par rapport à la réalité, dans un contexte où il y a beaucoup de propagande autour des bilans humains, comme dans beaucoup de conflits et pas exclusivement à Gaza. Depuis le début de la controverse sur les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, qui seraient probablement faux, je dis qu’ils sont probablement faux oui, mais parce qu'ils sont minorés".
Meurtres Détentions Disparitions Attaques contre les hôpitaux et centres médicaux
Alors que le système de #santé de #Gaza est à terre, les personnels soignant ne doivent jamais être pris pour cible.
Jean-François Corty affirme que les bilans du ministère de la Santé du Hamas prennent en considération les morts identifiés, "sans prendre en compte tous les morts restés sous les décombres des bombardements, ou les victimes indirectes décédées faute de soins ou d’accès aux soins, de prise en charge ou faute d’être transportées vers un centre de santé".
Le président de l’ONG, qui dispose d’une équipe composée d’une cinquantaine de personnes aujourd'hui à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, rappelle qu’il y avait 35 hôpitaux fonctionnels à Gaza avant le 7 octobre, "avec un bon niveau médical, des dizaines, voire centaines de centres de santé de proximité".
"Mais aujourd’hui, la plupart de ces hôpitaux ne sont plus fonctionnels, il n’en reste plus qu’entre 5 et 10, et ils sont saturés de malades, ajoute-t-il. Ils n'accueillent pas que des malades, ils abritent des familles de déplacés aussi, et ils sont en rupture de tout, de fioul pour leur groupe électrogène, de médicaments et de matériels médicaux et chirurgicaux".
"Si vous ajoutez ceux qui risquent de mourir de malnutrition ou des suites de leurs blessures infligées par les bombardements israéliens dans les semaines et les mois qui viennent, à cause des risques de surinfection et parce que leur pathologie va être prise en charge tardivement, alors oui, conclut-il, ce chiffre de 186 000 morts évoqué dans The Lancet est crédible".
À savoir : le nombre des victimes est fourni par le ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas
Le ministère recueille les informations fournies par les hôpitaux de l'enclave et par le Croissant-Rouge palestinien.
Le ministère de la Santé à Gaza n'indique pas comment les Palestiniens ont été tués, que ce soit par des frappes aériennes et/ou des tirs de barrage israéliens ou des tirs de roquettes palestiniens ratés. Il décrit toutes les victimes comme des victimes de "l'agression israélienne" et ne fait pas non plus de distinction entre les civils et les combattants.
Au cours des quatre guerres et des nombreux accrochages entre Israël et le Hamas, les agences des Nations Unies ont régulièrement cité les chiffres du ministère de la Santé dans leurs rapports. Le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge palestinien utilisent également ces chiffres.
Au lendemain des précédents épisodes de guerre, l'Office humanitaire des Nations Unies a publié des chiffres des victimes sur la base de ses propres recherches dans les dossiers médicaux. Les chiffres de l'ONU concordent largement avec ceux du ministère de la Santé de Gaza, à quelques différences près.
Pour en savoir plus sur les bilans du ministère de la Santé de Gaza, cliquez ici ou ici.